La Bataille des 3 Rivières
  Le Chaudron de LILLE


Le Désastre Militaire FRANCO-BRITANNIQUE [MAI-JUIN 1940]

 

10 mai - 17 juin 1940 : 38 jours auront suffi à l'armée allemande pour vaincre l'armée française et l'obliger à demander l'armistice ! En moins de 6 semaines, la défaite est totale : près de 2 millions de soldats partent pour 5 ans de captivité en Allemagne, 100 000 sont morts durant ces 6 semaines de combat et 200 000 blessés se remettent dans les hôpitaux...

Le 1er juin, l'armée allemande rend les honneurs militaires aux héroïques défenseurs de la bataille de Lille. Du 27 mai au 31 mai, 35 000 à 40 000 soldats français de la 1ère armée, encerclés au sud de Lille, ont tenu tête à 7 divisions allemandes...

Le 4 juin, l'armée allemande occupe Dunkerque, mais retardée par les combats au sud de Lille, elle a laissé 340 000 soldats anglais et français s'échapper vers l'Angleterre. Cette bataille de Lille a sauvé l'honneur de l'armée française et a surtout montré qu'une troupe bien commandée peut transformer une retraite en victoire. Loos se trouve au coeur de cette bataille et le pont de l'abbaye devient très vite la seule possibilité de sortie vers Armentières puis Dunkerque pour les restes de la 1ère armée française encerclée au sud de Lille. Avant d'en venir à cette semaine sanglante et héroïque des défenseurs de Lille, essayons de retrouver les repères chronologiques de la retraite depuis le 10 mai. Essayons aussi d'évoquer les raisons d'une telle déroute afin de mieux apprécier le sursaut des défenseurs de Lille.

Depuis septembre 1939, la France et l'Angleterre ont déclaré la guerre à l'Allemagne d'Hitler. Après des années d'hésitation, de recul, de lâcheté, cette fois les deux pays se montrent fermes après l'invasion de la Pologne par Hitler. Près de 3 millions de soldats sont mobilisés et 1 million s'installe dans la ligne Maginot qui protège la frontière du nord-est face à l'Allemagne.

Pendant plus de 8 mois, ces soldats restent l'arme au pied, face à la frontière du nord et de l'est. C'est la " drôle de guerre ". L'inactivité engendre l'ennui, la démobilisation morale... peu d'exercice physique ou militaire. La routine et la monotonie sont le lot quotidien du soldat.

La ligne Maginot s'arrête au massif des Ardennes, selon nos stratèges, il est impossible à une armée motorisée et mécanisée de franchir cet obstacle naturel. De plus, ce massif ouvre sur une frontière avec la Belgique qui est comme en 1914 un pays neutre ! L'état major français est celui qui a mené la France à la victoire en 1918 ; sa stratégie est la même : préparer une guerre de position derrière des ouvrages en béton où l'infanterie jouerait le rôle essentiel. L'état major est en retard d'une guerre ! Il n'a pas su préparer les forces armées à une guerre moderne qui repose sur la mobilité, la rapidité ; l'aviation, l'armée blindée jouant les rôles principaux.

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Succès total du plan jaune : la BLITZKRIEG [10 MAI- 4 JUIN 1940]

Le 10 mai 1940, après avoir réglé le sort de la Pologne, du Danemark, de la Norvège, Hitler, assuré de la neutralité de l'URSS depuis la signature du pacte avec Staline en août 1939, ramène toutes ses forces à l'Ouest.

A. La Blitzkrieg

Le Désastre Militaire FRANCO-BRITANNIQUE Mai-Juin 1940

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Comme en 1914, l'invasion se fait par la Belgique et les Pays-Bas, avec une brutalité extrême, plaçant ces deux petits pays dans l'incapacité de résister à cette invasion. Comme en 1914, le plan d'invasion est le même en ce 10 mai 1940. Le plan jaune : élaboré par Hitler et son état major est simple. Envahir les Pays-Bas et la Belgique afin d'attirer dans cette zone les meilleures unités françaises et anglaises qui viendront au secours de ces deux pays ; concentrer dans le massif des Ardennes à l'extrémité de la ligne Maginot, des forces blindées capables de franchir ce massif et ces fleuves avec une force de pénétration considérable soutenues par une aviation maîtresse du ciel ; donner à ces forces blindées l'ordre d'atteindre le plus rapidement possible la Manche près d'Abbeville et de prendre au piège dans la nasse des millions de soldats alliés repliés de Belgique...

Au 4 juin, ce plan a parfaitement atteint son objectif. Il aura fallu trois semaines pour y parvenir ; la réussite est tellement rapide qu'Hitler lui-même arrête deux fois ces unités de tête qui avancent trop vite à son avis !

Comment expliquer et comprendre une telle réussite ? La guerre éclair " Blitzkrieg " a été expérimentée depuis 10 mois en Europe, en Pologne... Norvège. Elle repose sur un matériel moderne, récent, motorisé, rapide que sont les Panzers et les Stukas pour l'aviation.

L'armée allemande utilise ces moyens modernes avec une très forte concentration ; ainsi le nombre de chars est identique dans les deux camps, mais du côté français, les 3 000 chars sont utilisés comme soutien de l'infanterie en 1 000 paquets de 3 chars, alors que du côté allemand ces divisions de Panzers sont utilisées en trois paquets de 1 000 chars !

L'aviation allemande détruit rapidement gares, carrefours, aérodromes, affole les civils, les militaires avec les sirènes sinistres embarquées sur les Stukas... Elle sert systématiquement d'artillerie aérienne, en soutien aux blindés.

Les images de ces semaines de combat de mai-juin 1940 sont toutes d'origine allemande. Les alliés avaient interdit de filmer, photographier. Les seules sources sont donc allemandes et servaient au service de propagande.

L'armée allemande utilise les liaisons radio beaucoup plus efficaces que les téléphones de campagne à fil de l'armée française. Les bombardements détruiront souvent ces lignes, laissant le commandement sans aucun renseignement sur la situation réelle.

 

Les soldats allemands portent des tenues adaptées : bottes de cuir, casque solide, arme automatique, alors que les soldats français portent leur sac, avec brodequins de rechange, couverture, bandes molletières...


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Face à cette invasion, la réaction des gouvernements alliés est différente. En Angleterre, Churchill devient Premier Ministre ; énergique, il comprend très vite que la situation du corps expéditionnaire est difficile et prendra très vite la décision de l'évacuer. En France, Paul Reynaud est conscient des faiblesses et des lacunes des forces françaises, alors qu'il songe à remplacer Gamelin à la tête des armées. L'invasion se produit le 10 mai et Gamelin est maintenu. Il faudra retarder la nomination de Weygand, 73 ans, pour le remplacer. Gamelin tombe dans le piège du plan jaune. Dès l'invasion, il lance vers la Belgique et les Pays-Bas les meilleures unités motorisées françaises.

Curieusement, ces unités foncent vers le nord, passent la frontière belge, hollandaise, sans jamais être menacées par l'aviation allemande, si efficace ailleurs. Gamelin mettra un certain temps à se rendre compte du piège. L'ordre de repli se fera dans la précipitation avec cette fois l'intervention massive de l'aviation, des blindés allemands qui vont transformer la retraite en une gigantesque cohue où se mêlent civils et militaires. Une grande partie du matériel est abandonné. L'armée française est peu équipée pour lutter contre les chars. Elle manque cruellement d'artillerie antiaérienne et l'aviation française perd beaucoup de ses appareils à chaque sortie car les Allemands ont eux une artillerie antiaérienne très efficace et meurtrière : la Flack !

B. Les alliés encerclés - 19 mai - 4 juin

Le piège fonctionne parfaitement. Pendant des jours, Hitler concentre dans les Ardennes l'axe principal de l'invasion reposant sur les blindés et les troupes d'infanterie motorisée. Cette formidable concentration a complètement échappé à l'observation des Français. C'est dire combien le service de renseignement était inefficace. Désormais, chaque jour amène son lot de surprise, d'hésitation, d'ordre et de contrordre... de pagaille...

Le 12 mai, l'armée hollandaise dépose les armes alors que 7 divisions de Panzers s'approchent de la Meuse, franchissent la Semoy et, sous couvert de la forêt, les chars utilisent les allées forestières parfois empierrées à la rencontre de la 9ème armée que Gamelin a rassemblé à la hâte face à la Meuse. Des chefs remarquables conduisent ces unités, Rommel, Guderian, parfaitement coordonnés entre eux et avec l'aviation, bousculent cette 9ème armée sans liaison, formée d'éléments peu aguerris, peu entraînés. Le manque de liaisons, d'instructions fait que cette 9ème armée qui se déploie, laisse entre les unités des espaces non occupés dans lesquels s'engouffrent les blindés allemands. Le génie français a détruit les ponts bien sûr, mais a oublié les écluses que les fantassins allemands vont très vite utiliser comme passerelles de franchissement. L'armée allemande est préparée au franchissement des rivières, le matériel est déployé, les canots pneumatiques permettent d'établir des têtes de pont, la nuit.

En cas de résistance franche des soldats français, les Stukas, utilisés comme artillerie, interviendront par vagues successives et sèment la terreur et la débandade.

La ville de Sedan devient l'axe principal. La ville est peu protégée et 800 Stukas la détruisent en quelques heures.

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