La BLITZRIEG
  Le Chaudron de LILLE


La BATAILLE des 3 RIVIERES [10 MAI- 26 MAI 1940]



Gamelin a une vue partielle de la situation. Mal renseigné, il veut colmater les brèches avant d'attaquer. L'armée française est en retraite. L'initiative est aux Allemands. Ce sont la 9ème et la 1ère armées qui sont utilisées pour stopper l'invasion. Mais les liaisons sont difficiles, les chefs de ces armées changent plusieurs fois de PC...

Le 14 mai, les Panzers sont à Sedan malgré l'héroïque intervention de l'aviation française qui ne réussit pas à détruire les ponts installés sur la Meuse. La moitié des appareils seront abattus par la Flack forte de 300 pièces de DCA (défense contre avions). Un sacrifice aussi inutile qu'inefficace de l'aviation française qui perd ses meilleurs pilotes.

Le 15 mai, en Belgique, sur une ligne Anvers-Namur, la résistance alliée ralentit la percée allemande. Les pertes allemandes sont élevées mais cette situation entre dans le plan général d'Hitler. L'objectif consiste à fixer en Belgique une partie des forces blindées françaises afin de réussir la prise de Sedan. Gamelin comprendra trop tard la nécessité de replier vers le sud ces forces engagées en Belgique. Les chars allemands sont plus légers mais plus rapides, reliés entre eux par radio. Les chars français sont plus lourds, plus lents, plus gourmands en essence, plus vulnérables. Ils sont regroupés en trois divisions blindées face à la percée de Sedan. Mais les Stukas, les Panzers, le manque de carburant vont en détruire deux, la dernière obtiendra quelques résultats du côté de Montcornet avec les chars de De Gaulle.

Paris s'affole : Reynaud rappelle Pétain, 83 ans, et Weygand remplace Gamelin.

La retraite française s'accélère avec un arrêt derrière chaque rivière : la Meuse, la Sambre, l'Escaut. Certaines unités font preuve d'héroïsme et se sacrifient plutôt que de se rendre. Les Panzers utilisent les axes principaux et foncent vers la mer ; les fossés antichars, construits durant la drôle de guerre, sont inutiles ; les ouvrages en béton, isolés, sont contournés sans difficulté.

Le 17 mai, les Panzers sont à Avesnes, Landrecies, contrôlent les ponts sur la Sambre. En deux axes, ces Panzers, suivis par l'infanterie motorisée, bousculent tout sur leur passage. C'est la guerre éclair ; en cas de résistance, intervention des Stukas.

L'armée française aurait dû sortir de la nasse et orienter son effort vers le sud mais l'ordre est venu beaucoup trop tard. Les mailles du filet se referment à chaque heure. Les Panzers attaquent Cambrai, Arras, Amiens. Les Anglais, qui protègent Arras, lancent une vigoureuse attaque sur Arras, qui remporte un succès et inquiète Hitler ; mais ce succès est inexploité.

Les rescapés des 5th et 50th Divisions britanniques du corps expéditionnaire (B.E.F) formèrent un groupement autonome "la FRANKFORCE" dont le commandement fut confié au Général Harold E. FRANKLIN.
Le 21 Mai 1940 à 14 heures 15, cette unité est partie de MAROEUIL et de ses environs pour attaquer les forces allemandes composées de la 7ème PANZER DIVISION commandée par le Général Major Erwin ROMMEL de la DIVISION SS TOTENKOPF.
La 7ème PANZER recula de 16 Km et les SS perdirent 50% de leur effectif.
Ce fut un "feu de paille" (Sir Basil LINDDELL HART) mais les résultats à long terme furent positifs, et à court terme permirent à retarder les troupes qui devaient participer à la bataille de LILLE HAUBOURDIN, et empêcher l'évacuation de DUNKERQUE.

Cette attaque surprit le commandement allemand dont les troupes depuis le l0 Mai ne s'étaient vues opposées à aucune opération les contraignant à un repli.
Sans entrer dans le détail de l'objectif stratégique de cette attaque qui devait être coordonnée avec une offensive de la 1ère Armée Française vers CAMBRAI, celle ci permit à l'Etat Major britannique d'évacuer ARRAS.
La surprise fut tellement importante chez les Allemands, que le 23 Mai, le Général HALDER (Chef d'Etat Major du Grand Quartier Général de la WEHRMACHT) fit part de son anxiété au Général van KLEIST (Chef des PANZERS du Groupe d'Armée "A" du Général van RUNSTEDT) qu'il ne s'estime pas en mesure de poursuivre sa mission tant que la situation demeure aussi confuse autour d'ARRAS. (Pertes estimées de 50% en effectifs et matériels.)
Cette situation entaîne HITLER à se rendre à Charleville Mézières au Q.G. de von RUNDSTED.
le 24 Mai.
HITLER ordonne immédiatement aux troupes de s'immobiliser sur l'Aa, et notamment de ne pas entrer dans HAZEBROUCK.
Contre-ordre fut donné 48 heures plus tard.
Du côté britannique l'Amiral RAMSAY estimait, le 25 Mai, que 45.000 hommes pouvaient être évacués de France.
Les batailles d'ARRAS et de LILLE LOOS HAUBOURDIN retardèrent suffisamment les Allemands pour évacuer 338.226 militaires dont 113.000 soldats français.
(Entre le 1er et le 4 Juin, 75.000 soldats britanniques et 90.000 soldats français abandonnèrent les plages de la mer du Nord ).

 

19 mai, les Panzers atteignent Abbeville puis la mer. Ils ont progressé de 110 kilomètres en une journée. Le piège est refermé. Deux millions de soldats sont encerclés ; la ligne Maginot est prise sans combattre fournissant aux Allemands un énorme stock de matériel, de munitions et de nourriture...

 

A la retraite des soldats s'ajoute l'exode des civils ; le flot grossit. Hollandais, belges, français prennent la direction du sud espérant échapper à l'occupation mais ils se heurtent aux Panzers et se trouvent eux aussi pris au piège. Les autorités locales, régionales, nationales n'ont pas pris conscience de la tragédie de ces millions de civils. Ils les ont laissés sans directive...Désormais, entre le 20 mai et le 4 juin, les combats qui s'engagent sont sans issue. Ils ne peuvent que retarder l'échéance. Le 24 mai, Churchill décide de rapatrier les soldats anglais en Angleterre. Il met en place l'opération " Dynamo " pour sauver au moins les hommes à défaut du matériel. Les unités françaises devront soit rejoindre Dunkerque, soit retarder au maximum la progression allemande.

Les Panzers remontent la côte, prennent Boulogne, Calais et menacent Dunkerque. Hitler, inquiet, craint une réaction de l'armée française. Il se souvient de la Marne en septembre 1914. Il stoppe la progression des Panzers pendant plusieurs jours ce qui va faciliter la réussite de l'opération " Dynamo ".

Du 20 au 26 mai, s'engage la bataille de l'Escaut entre Valenciennes-Bouchain. Les combats sont très violents. Des régiments, comme le 43ème de Lille, font preuve d'un héroïsme extraordinaire tout comme les autres régiments du Nord de la France, le 110ème RI le 1er RI...

RI : Régiment d'Infanterie

Les Français lancent une contre-attaque sur Cambrai, qui réussit, mais l'intervention massive des Stukas détruit les hommes et leur matériel. Pendant quatre jours, l'armée allemande est bloquée sur l'Escaut mais le 25, la progression reprend ; le front est rompu. La 1ère armée française qui vient de s'illustrer sur l'Escaut, contrôle un secteur allant de la frontière belge à Bouchain, Douai, Merville. La pression allemande s'accentue. Hitler s'impatiente devant la résistance française sur l'Escaut ; des officiers supérieurs sont remplacés, des troupes plus aguerries assurent la relève.

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